

Cléo a 13 ans lorsque Cathy, recruteuse pour la fondation Galatée, la repère à un cours de danse à la MJC de son quartier. Cléo a du potentiel et pourrait bien bénéficier d’une bourse qui lui permettrait une belle carrière. Bien sûr, il va falloir qu’elle fasse ses preuves auprès des décideurs qui attribuent les bourses. Cathy, femme élégante qui offre des cadeaux luxueux à Cléo, de l’argent et lui fait découvrir un monde raffiné, est là pour la guider et la soutenir. Elle encourage Cléo a faire preuve de maturité lorsque celle-ci est invitée dans un chic appartement parisien à montrer ses talents à un jury composé d’hommes. Le piège de la pédophilie est parfaitement orchestré. Pire, il parvient à entraîner Cléo dans la boucle du recrutement de nouvelles proies.
On est dans les années 1980 et Cléo va désormais porter le poids du mensonge, de la honte et de la culpabilité. On la voit grandir, tomber amoureuse, souffrir, s’isoler.
2019, suite à la découverte d’albums photos sur Internet, la police lance un appel à témoins sur la fondation Galatée. Cléo est devenue danseuse professionnelle sur les plateaux de télévision des émissions de variété du samedi soir et dans un cabaret. Que va-t-elle décider ? Témoigner ou non ?
L’auteure, Lola Lafon, nous offre un récit bouleversant sur la destruction d’une enfance et sur le pardon. Peut-on se pardonner à soi-même d’avoir joué un rôle dans ce que l’on a subi et qui nous a détruit ? L’autre peut-il nous pardonner ? Lola Lafon pousse la société à se regarder et à constater ce qu’elle permet, ce qu’elle passe sous silence. Dommage que la fin soit si rapide ! J’aurais aimé qu’elle nous emmène plus loin dans les prises de parole et le procès.
Chavirer, de Lola Lafon, Actes Sud, 2020.