Mes courts récits littéraires

Tyrannie de la mécanique des fluides

Mes courts récits littéraires sont des textes écrits en quelques heures, peu travaillés parce qu’ils surgissent en moi de manière fulgurante, au gré d’un souvenir, d’une émotion, d’une odeur…

Souvenir d’une PMA (procréation médicalement assistée) il y a huit ans… Depuis, il y a Juliette, qui vient de fêter ses 7 ans et Raphaël, 5 ans. Depuis il y a une maman reconnaissante à tout jamais d’une FIV…

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Tu es revenu. Je viens de te sentir couler dans ma culotte. J’enregistre l’information : ce n’est pas encore pour cette fois. Voilà, c’est noté. Je remarque que mon cœur ne s’emballe pas. Je m’habitue aux déceptions. Vaguement, je pense aux piqures dans le ventre. Je balaie l’image d’un geste. Cela ne sert à rien de s’apitoyer et comme je suis en réunion avec mon équipe, je vais te montrer que tu as beau te manifester, tu n’es pas ma priorité. Je suis encore maitresse de mon corps, non ? Tu crois que je vais tout laisser là pour me précipiter aux toilettes ? C’était il y a un an, ça. Depuis, tu le sais bien, je me suis endurcie. Je croise les jambes. Mon entrejambe est comprimé entre les plis de mon pantalon. Je resserre l’étreinte. Ça me fait mal. Je ravale le liquide chaud à l’intérieur de moi. Je ne peux pas m’occuper de toi. Tu comprends, j’ai beaucoup de dossiers à gérer. Et toi, ce matin, tu n’étais pas prévu, mais les obstacles, c’est mon quotidien. Je suis entraînée à les régler. Je suis les règles. Je suis mes règles.

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Mes courts récits littéraires

Les corps étrangers

Mon bébé est né. Je suis seule dans la chambre d’hôpital. Je parle à voix-haute et je répète : Mon bébé est né. Je ne reçois aucun écho. Je ne dois pas être sur la bonne fréquence. Mon encéphalogramme émotionnel est plat. Mes yeux descendent sur mon ventre, vide, gros, flasque. En trois poussées, il a perdu tout intérêt. La seule attention qu’il attirera désormais est celle du pèse-personne et du coach sportif. Chaque jour, je contrôlerai ma nourriture et j’attendrai impatiemment les quelques semaines de répit pour mon utérus avant que je ne fasse subir à mes abdominaux des séances d’efforts quotidiens. Je n’aurai qu’un objectif : effacer toute trace de l’enfant. Mon ventre devra être celui d’une femme, pas celui d’une mère.

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