Avez-vous déjà eu des pensées violentes, humiliantes, dégradantes, suspicieuses contre vous-même ou contre les autres. Des pensées qui surgissent spontanément dans votre tête et qui vous déstabilisent ? Par exemple, vous vous voyez en train d’égorger votre voisin, de fouetter vos enfants, de défoncer votre voiture… Ou encore vous voyez votre collègue sauter dans le vide, vous vous voyez insulter votre grand-mère… Et toutes ces pensées vous angoissent. Alors vous avez peut-être, comme Audrey, l’un des trois personnages de mon roman, des pensées intrusives, appelées aussi phobies d’impulsion.
« Mila et Audrey étaient assises sur le rebord de la baignoire. Audrey tenait fermement Mila sur ses genoux car sa fille se débattait. La séance de coupe des ongles était toujours infernale. C’était la fin de la journée. Il restait encore le bain à donner à Gabriel. Audrey était en retard dans la routine, les enfants auraient déjà dû être attablés devant leur repas. Elle-même avait senti son estomac vide se contracter. […] Mila avait essayé de s’échapper et sa main avait frappé le visage d’Audrey en lui laissant une trace de griffure près de l’œil. « La vache, ça fait mal. » Audrey avait coincé le bras de Mila et c’est à ce moment-là qu’elle planta les ciseaux dans les yeux de sa fille, des coups forts et nets dans chaque œil, du sang, les yeux crevés de Mila, encore et encore. »
Chapitre 8 : Audrey dans Les bons élèves n’aiment pas toujours l’école
Les pensées intrusives semblent inavouables (en tout cas, moi, je n’en avais jamais parlé !).
Pour Audrey, l’un des personnages de mon roman, j’ai poussé l’idée des pensées intrusives / phobies d’impusion assez loin (je n’en dis pas plus pour ne pas dévoiler l’intrigue… mais je peux vous dire qu’Audrey vit très mal ces pensées et se débat pour les gérer ! Vite, courez acheter mon roman !). Et pour mon personnage, je suis partie de mon histoire personnelle. À la naissance de mon premier enfant, j’ai eu parfois des pensées menaçantes envers elle. Je me voyais lui faire des choses cruelles et j’avais terriblement honte de ces pensées.
Attention, je ne parle pas de certaines petites pensées malveillantes que vous pouvez avoir lorsque vous êtes fatigué.e et qu’un rien vous contrarie, lorsque vos enfants poussent le bouchon un peu loin ou lorsque votre patron vous demande de faire encore des heures supplémentaires. Parce qu’à ce stade, on a tous.tes des pensées peu avouables ou des idées de vengeance !
Je parle bien de pensées intrusives / phobies d’impulsion, qui surgissent au beau milieu d’une conversation ou pendant que vous jouez avec vos enfants ou que vous travaillez sur un dossier ou encore que vous cuisinez… Comme des moustiques qui débarquent dans votre cerveau et que vous avez envie de chasser au plus vite. Des pensées que vous balayez d’un revers de la main en vous demandant, perplexe, comment elles sont arrivées là et pourquoi. Au début, vous n’y prêtez pas une grande attention… Peut-être viennent-elles parce que vous avez regardé un film à suspens hier soir ou parce que vous venez de terminer un roman policier avec des meurtres sanglants.
Mais les pensées intrusives / phobies d’impulsion reviennent un jour, sans crier garde, et vous frappent d’un grand coup. Vous regardez autour de vous, désemparé, cherchant la compréhension d’un tiers. Mais vous êtes seul dans votre tête. Et avez-vous vraiment envie de dire à votre conjoint.e : « Chéri.e, ce matin j’ai pensé que je noyais nos enfants. » Les pensées intrusives vous isolent. Plus elles sont fréquentes, plus vous vous sentez honteux.ses. C’est vrai, quel genre d’individu êtes-vous pour avoir ces pensées ?
Vous commencez à douter de vous, de votre santé mentale, de votre capacité à juger du bien et du mal. Les pensées intrusives / phobies d’impulsion continuent, elles vous bousculent alors que cela faisait des semaines voire des mois qu’elles vous avaient laissé tranquille. Elles vous surprennent au détour d’une balade en forêt ou d’une dispute avec votre adolescent. Bien sûr, vous les gardez pour vous, vous les taisez, vous les bannissez… Pourtant vous les avez pensées. Quel genre de monstre êtes-vous au fond ? Ne seriez-vous pas un Hannibal Lecter qui s’ignore ? Seriez-vous capable de…?
C’est aussi ce qu’Audrey, l’une des trois femmes de mon roman Les bons élèves n’aiment pas toujours l’école, ressent. Jeune femme de 34 ans, mère de deux enfants en bas âge, elle met toute son énergie à être une mère et une épouse parfaite après avoir mis sa carrière entre parenthèse. Fatiguée et souvent à bout de nerfs, Audrey est secouée par des pensées horribles qui envahissent spontanément son esprit. Et elle ne sait pas comment les gérer, elle commence à douter d’elle et à redouter les actes qu’elle pourrait commettre…
Rassurez-vous ! La majorité de la population a des pensées intrusives. (Ouf, je ne suis pas la seule !)
Dans mon cas, j’ai eu la chance d’avoir un ami qui nous avait raconté autour d’un café qu’il avait été consulter un psychologue car il avait des images de violence contre sa famille qui s’introduisait dans sa tête : il se voyait poignarder sa femme et son fils. Ça fait sensation quand vous racontez ce genre de choses à table ! Alors quand j’ai eu des pensées violentes moi aussi, je n’ai pas aimé du tout ça, et ça m’a beaucoup déstabilisée (mon bébé avait quelques semaines, donc entre la fatigue, le yoyo des hormones et les images intrusives, c’était pas très sympa !), mais ça ne m’a pas trop inquiétée. Aussi, elles ne sont pas très fréquentes.
Lorsque j’ai fait des recherches pour Audrey, le personnage de mon roman, j’ai découvert que 94 % des individus sur la planète (d’après une étude publiée en 1994 dans la revue Journal of Obsessive-Compulsive and Related Disorders) ont des pensées ou des images intrusives ! Cela vous soulage de savoir que vous n’êtes pas seul.e à avoir des images de violence en tête. Tant mieux ! Les pensées intrusives / phobies d’impulsion sont peu connues et on en parle pas (peu) à son entourage parce qu’elles nous créent un sentiment de honte.
Et même si je trouve que c’est important de le faire connaître, j’ai de l’appréhension à vous en parler aujourd’hui parce que j’ai peur de votre jugement.
Et ça se soigne ?
Parfois, on a des pensées intrusives et, même si on les trouve dérangeantes, elles ne nous gâchent pas la vie… Et c’est parfait comme ça !
Mais parfois, elles nous angoissent beaucoup et on n’arrive pas à les accepter et à les laisser filer. Et c’est l’engrenage du stress… Dans ce cas, si j’ai bien compris les lectures faites sur le sujet, elles deviennent un TOC (Trouble obsessionnel compulsif) et un psychologue peut tout à fait vous aider à les comprendre et à vous en débarrasser. Ouf !
Alors, j’aimerais savoir : avez-vous (vous aussi) des pensées intrusives / phobies d’impulsion ? Et comment faites-vous pour les gérer ?
Bonjour , possible d’échanger sur les phobies d’impulsion avec vous ? Merci de votre retour
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