Journal du confinement J+22

Cher journal,
J’ai retrouvé ma mémoire de poisson rouge. Tu sais, celle que j’avais lorsque les enfants étaient bébés et que je me levais quatre fois par nuit. Grâce à elle, au réveil, je redécouvre le confinement : « Oh, 1er jour de confinement ! Une journée avec les enfants, quel délice ! ».

Moi, cher journal, qui ai tendance à anticiper pour les 100 prochaines années, je vis au jour le jour et,chaque matin, je découvre avec émerveillement que je vais pouvoir :

• faire 1 partie de Diamoniak avec les enfants (en fait, 345 parties depuis le confinement pour une mémoire normale),
• faire 1 gâteau pour le goûter (en fait, 678 gâteaux et 1234 kilos !),
• regarder « Astérix et Cléopâtre » pour une soirée spéciale parents-enfants (en fait, 12 345 fois, avec une forte tendance à vouloir cuisiner un vrai pudding à l’arsenic),
• exceptionnellement, accorder le droit aux enfants de ne pas se laver (en fait, 22 fois, les passants s’écartent lors de notre promenade quotidienne),
• découvrir un homme dans mon lit tous les matins (monsieur, bonjour, quel est votre nom ?).

Ce côté poisson rouge m’aide aussi à lutter contre l’angoisse. Non, cher journal, ce n’est pas la covid-19 qui m’empêche de dormir… c’est l’injonction à la productivité que l’on met dans le confinement. Non seulement, il faut continuer à travailler, mais aussi instruire ses enfants. Et aussi – à ce qu’il paraît – il faut profiter de ce moment pour se détendre, se ressourcer, se recentrer sur l’essentiel… c’est-à-dire faire 1000 bricolages époustouflants, regarder des 150 vidéos comiques que l’on t’envoie tous les jours, se mettre au yoga, débuter l’apprentissage du russe, faire des semis sur ton balcon, manger équilibré, rester positif et de bonne humeur… Bref, se relaxer !

Alors cher journal, à comment convaincre les gens qu’en confinement, tu peux continuer une vie normale, tout en en faisant encore plus, ma mémoire de poisson rouge répond : gloups !