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Ténèbre, de Paul Kawczak : un coup de cœur absolu !

J’ai ADORÉ ce roman de Paul Kawczack et je peine à trouver les mots pour vous en parler.

Ténèbre nous fait plonger dans l’univers de la colonisation du Congo par les Belges à la fin du XIXe siècle. Pierre Claes, un géomètre belge, est mandaté par le roi Leopold II pour cartographier et tracer les frontières au nord du Congo. Fraîchement débarqué, le jeune homme découvre des terres inhospitalières, grouillantes d’animaux sauvages et d’insectes, où les hommes sont décimés par la malaria et autres fièvres équatoriales. Il remonte le fleuve avec son expédition et il contemple les horreurs de la colonisation qui, peu à peu, ont raison de lui. L’Afrique est en putréfaction, les Blancs sont sanguinaires, coupent les mains et les pieds, abattent les hommes, les femmes et les enfants indigènes.

La colonisation, c’est le règne de la folie et de la bestialité.

Pierre Claes fait des rencontres d’autres hommes blancs et l’auteur sort du récit colonial pour nous ramener à Bruxelles ou à Paris pour nous narrer des épisodes de leur vie qui les ont conduits à s’embarquer dans un bateau vers l’Afrique. On rencontre Baudelaire et Verlaine, on côtoie des poètes et des penseurs. Puis on revient au Congo, on comprend que chaque personnage tente de survivre à sa propre désolation.

Et surtout, point majeur du roman, on assiste à la découpe humaine. Ténèbre est un roman sur la mutilation, celle des terres dont le géomètre dresse les contours, celle des corps humains incarnée par Xi Xiao, un ancien bourreau chinois, maître des supplices. La découpe est violente et sensuelle. C’est un art précis et millénaire que l’auteur décrit avec une minutie à la fois chirurgicale et poétiques. Les plaies suintent, se referment, s’ouvrent à nouveau, dans des mouvements érotiques. Les personnages rêvent de bêtes rampantes fantastiques qui viennent les étreindre et les dévorer. Dans la torpeur de l’Afrique, ils sont en proie à des hallucinations où hommes et bêtes s’unissent et se déchirent.

Le roman m’a envoûtée par son art de mêler le sang, la chair, la pourriture, la haine, la destruction et la folie. Alors, comme les personnages du roman, on succombe à l’ivresse de la ténèbre. Un très grand roman !

Ténèbre, de Paul Kawczack, La Peuplade, 2020.

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