La petite-fille de Monsieur Linh, de Philippe Claudel

Une lecture qui m’a émue aux larmes… Monsieur Linh, un monsieur âgé, fuit son pays et la guerre. Il embarque dans un bateau qui le mène en France. Dans ses bras, un bébé, sa petit-fille, qu’il a retrouvée près des corps calcinés de ses parents. Désormais, plus rien d’autre ne compte que sa petit-fille.

Monsieur Linh se retrouve dans un foyer avec d’autres personnes réfugiées de son pays qui lui préparent ses repas, plus par respect de la tradition des ancêtres que par véritable compassion, tout en le regardant bizarrement. Monsieur Linh se transforme en grand-père à toute épreuve : il berce, nourrit, s’inquiète pour Sang diû, sa petite-fille devenue sa raison de vivre, de se battre, d’avancer dans un univers gris et sans odeur auquel il ne comprend rien et qui est si loin de ses racines. Le vieux monsieur se promène dans les rues et assis sur un banc, il fait la connaissance de Monsieur Bark, un gros bonhomme à qui la solitude pèse depuis la mort de sa femme. Ses deux-là ne parlent pas la même langue, mais ils aiment être l’un près de l’autre. Ainsi naît l’amitié.

Ce court roman de Philippe Claudel évoque avec délicatesse les thèmes difficiles de l’exil, du déracinement, de la guerre, du deuil, mais aussi de la rencontre, de la confiance, de l’amitié. On suit Monsieur Linh dans ses pensées et dans ses promenades avec tristesse et compassion, tout en se demandant où ils (Monsieur Linh et l’auteur) nous mèneront et comment cette histoire va-t-elle finir. Le drame se précipite quelques pages avant la fin et la réalité de la petite-fille de Monsieur Linh devient tout autre. Quelle fin poignante !

Ce texte a quelque chose d’universel qui m’a bouleversée…

La petit-fille de Monsieur Linh, Philippe Claudel, Le livre de poche, 2005.